Charlie's blues
Je suis le dessin d'un crayon
Bien malin. Qui gêne les cons.
Il est l'assassin en haillons
Caché dans le noir, tout au fond.
Qui de nous deux survivra donc ?
D'un crayon je suis le dessin
qui insupporte quelques crétins
En action voilà l'incertain
Tirant dans le couloir, ça craint !
En dessinant j'attends la fin...
Ce matin, un crayon cassé
témoigne de leur brutalité :
Ce sont mes frères qui se font tuer
pour leur liberté de blâmer,
à quoi me sert donc de pleurer ?
Des larmes sur le papier je ne sais dessiner.
Mercredi 11 mars 2015 – jeudi 12 mars 2015
Je me suis dit toute l'après-midi "Non, pas Cabu, pas lui, ce n'est pas possible". Le grand Duduche dans Pilote, puis ses dessins de beauf... mon adolescence. Un trait stylé, aérien, précis en même temps. Quand j'ai appris sa mort ainsi que celle de onze autres personnes un peu plus tard, Cabu mais aussi Wolinski, Charb dont je n'ai pas tardé à reconnaitre le trait et puis aussi Tignous, Bernard Maris et tant d'autres, je n'ai pas voulu y croire. Cabu était le caricaturiste le plus génial et efficace que je connaisse, quant à Wolinski, faute d'avoir retrouvé son dessin 'les fonctionnaires" qui m'a ravi plus jeune (- Les fonctionnaires sont tous des cons ! - Parlez plus fort dans l'hygiaphone monsieur !) j'ai gardé de lui une citation qui me sied. Après Cavanna, Reiser (à qui ma modeste BD doit tant) et surtout Gébé (ah, l'an O1 !) c'est un pan de siècle qui s'écroule. Qui le reconstruira ?
Il a fallu des années et des années de pratique pour que ces gens se fassent et créent un monde de drôlerie iconoclaste et irrévérencieuse (mais toujours respectueuse de l'intelligence humaine).
Il n'a fallu que quelques secondes à trois salauds irresponsables pour détruire tout cela.
Nous sommes tous orphelins aujourd'hui. Nous sommes tous Charlie.
LE GRAND DUDUCHE EST LE PLUS GRAND !
... et WOLINSKI est son prophète ?
En hommage à tous les disparus, 17 dessins, un par victime, dans la rubrique "HUMOUR".