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13e micro-nouvelle tirée de mes

HISTOIRES HORRIBLES HEUREUSEMENT Brèves

à lire et à commenter ici en ligne.

D'avance merci !

Photomontage © Jean Effer 2024

d'après une oeuvre orginale de Shusaku Takaoka 1977

LES IMMEUBLES TRANSFORMABLES

Plusieurs solutions innovantes au problème du logement populaire apparurent ces dernières années, grâce à l'ingéniosité de nos techniciens du Bâtiment National Mobile et au concours de nombreuses sociétés d'HLM telles que « Au bon logis », « La Cité Merveilleuse » et « 3P/Pas Pour les Ploucs ».

Dans un premier temps, afin de promouvoir la mixité sociale et, secondairement, régler aussi quelques conflits de voisinage, les appartements devinrent interchangeables en façade. Ils étaient alors semblables aux pièces d'un jeu de casse-tête, permutant à l'intérieur d'un cadre rigide. Ce fut techniquement difficile mais nous y étions arrivés malgré tout et cela variait à loisir l'aspect architectural de nos barres et de nos tours.

Bien sûr, ce type de puzzle n'allait pas sans poser des difficultés persistantes : passage de câbles tordus, cages d'ascenseur interrompues, discontinuité verticale des évacuations sanitaires, mobilier individuel échangé ou perdu, etc. Cependant, nous y avions bien assez travaillé et nous ne nous attardions donc pas sur les récriminations et les cris d'orfraie des associations de locataires, groupements nuisibles et antisociaux. Fi de ces pécadilles ! Devant le besoin de modernisme, nous n'en étions pas à quelques inondations de logements près ou à quelques locataires de moins précipités dans le vide.

En revanche, pour accélérer les processus d'expulsion, parfois longs et complexes d'un point de vue administratif, sans compter les nombreux recours inévitables et coûteux, cela devint beaucoup plus simple. Une seconde découverte vit le jour par hasard, en réfléchissant sur la flexibilité interne des grands ensembles. L'ultime stade de leur évolution logique, en quelque sorte.

Il fut désormais acquis qu'un module complémentaire, implanté perpendiculairement cette fois à la façade, poussait le précédent logement à l'intérieur d'un conduit standard prévu à cet effet. Ce dernier module d'habitation, chassé de ce fait, basculait alors à l'arrière du bâtiment.

Avec ce rejet de matériaux, que les propriétaires, dans leur grande mansuétude, dédaignaient à recycler, nul doute que les locataires délogés trouveraient là de quoi créer un nouveau chez-eux, en contrebas et non loin de leurs anciens logis. De quoi se seraient-ils plaints puisque nous continuions ainsi à veiller à leur bien-être ?

Soit, cela n'allait pas sans créer de nombreux remous au sein d'une population de plus en plus pauvre et démunie. Mais qu'importe ! On n'entendait plus les protestations, une fois accumulés les gravats et débris dans les arrière-cours. Et la beauté de nos immeubles primait sur la laideur environnante qu'elle dissimulait. Tout ne fut donc pas perdu pour tout le monde. Les agglomérats complexes de cellules d'habitation purent à nouveau respirer un air de modernité engageante. L'accueil y était toujours possible, sous certaines conditions toutefois : il fallait désormais montrer patte blanche.

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Ne quittez pas l'appartement dans l'état où vous l'avez trouvé ...

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Commentaires: 1

#1
dziawa (dimanche, 12 mai 2024 10:19)

J'vois pas la différence avec les logements actuels !